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Article du monde du 11 novembre 2007

 

"Nous ne sommes pas dupes. L'idée de l'entourage de Sarkozy c'était qu'il vienne et que deux heures après on reprenne le travail." La visite à grand spectacle du président a eu lieu mardi 6 novembre, mais c'est seulement jeudi que la fin du mouvement des pêcheurs a été votée, à l'instigation de Philippe Le Moigne. Ce patron pêcheur et cégétiste, au terme d'une folle semaine, s'efforce de prendre du recul. C'est lui qui a fait office de porte-parole au comité de crise de Guilvinec, qui a lancé la grève des marins pêcheurs et vient d'obtenir la création d'un mécanisme durable de compensation des hausses du carburant, qui garantira un "gazole pêche" à 30 centimes le litre, contre plus de 50 aujourd'hui.

 

 

 


 

"Si j'avais su qu'en quelques jours nous lancerions un mouvement et obtiendrions gain de cause, que je me ferais passer un savon sur mon téléphone portable par un ministre (Michel Barnier) et que je recevrais Nicolas Sarkozy, ici, je n'y aurais pas cru", dit-il, simplement. Il a découvert les rouages de la négociation avec Paris, les coups de fil insistants des conseillers de l'Elysée ou du ministère. Leurs noms, il les a déjà oubliés.

 

Dans ce dossier, il ne le cache pas, il reste beaucoup d'incertitudes : le ministre a trois mois pour trouver une solution pratique de compensation du prix du gazole. "A la moindre entourloupe ou si les choses traînent", il sait ce qui se passera : la grève repartira. Car ici, beaucoup de pêcheurs restent sceptiques. Philippe Le Moigne répète, comme pour s'en convaincre : "C'est signé, chiffré et daté." Pour l'ensemble du comité de crise, des patrons de pêche un peu rugueux et pas toujours d'accord entre eux, c'est juste un premier round qui a été gagné.

Dès jeudi soir, un journaliste appelle Philippe Le Moigne pour le faire réagir : la Commission européenne vient de juger les aides françaises incompatibles avec la réglementation communautaire. "C'est pas notre problème, c'est celui du gouvernement. Qu'ils se débrouillent", s'énerve cet homme plutôt doux. Depuis le début, tous savent que c'est là que réside le noeud du problème, puisque l'ancien fonds gazole dont bénéficiaient les pêcheurs a été suspendu sur demande de la Commission. "Je ne suis pas juriste à Bruxelles, je suis marin pêcheur", coupe-t-il.

Lui est favorable au retour au calme. Déjà, alors qu'il aurait aimé que le travail reprenne dès mardi, jour de la visite de Nicolas Sarkozy, les marins pêcheurs, excédés par ce pétrole qui ne cesse de grimper et par les contrôles, dont le dernier a dérapé, ont préféré maintenir la pression en poursuivant la grève.

Mercredi, Philippe Le Moigne était à Paris, au ministère. Les gens de "Guil" l'ont vu à la télévision, sortant de la réunion entouré de caméras. "C'est plus Le Moigne, c'est l'évêque", s'esclaffe un pêcheur. "Il m'a bluffé, la pêche peut lui dire un grand merci", renchérit Pascal Le Friant, patron du hauturier Marie-Alexandra. Cet ex-camarade de classe de Philippe Le Moigne, membre du comité de crise, a préparé le mouvement comme les autres depuis la mer. Depuis des semaines, la colère montait, alors qu'à chaque retour de marée, sur les quais, on évoquait les payes dérisoires, voire négatives.

Philippe Le Moigne, lui, était à terre depuis un an, et ne pourra vraisemblablement plus jamais pêcher. Les séquelles d'un grave accident en mer se sont réveillées : un câble s'était rompu sur lui alors qu'il était jeune matelot sur le chalutier de son père et lui avait cassé les cervicales. Il a dû être réopéré. Le Mam Goz, son chalutier, est à vendre. Alors, il a servi logiquement d'organisateur, au port. Et il veut poursuivre son combat jusqu'au bout. Jusqu'à la mise en place du mécanisme de compensation promis. Jeudi, il a demandé à la base de continuer à lui faire confiance. "Je suis à terre, je pourrai assister à toutes les réunions", leur a-t-il déclaré.

Les autres ont repris la mer. Pourquoi le mouvement a-t-il été si vite abandonné ? Le souvenir douloureux, à Guilvinec comme à Paris, du long conflit de 1993-1994 et l'incendie du Parlement de Rennes, déclenché par une fusée éclairante, ont sans doute joué. Autre raison, la rapidité avec laquelle les autres ports ont embrayé car le pétrole cher est un problème pour tous, même si Guilvinec est le plus concerné. Ici, on pêche surtout au chalut, la technique la plus consommatrice de carburant.

Bien sûr, selon la maire UMP de Guilvinec Hélène Tanguy, les réponses apportées par Nicolas Sarkozy ont aussi accéléré les choses, mais les pêcheurs le reconnaissent également. Et enfin la "détermination" de Philippe Le Moigne a pesé dans la balance, tout comme "sa grande gueule", "son sens du dévouement et des mots", disent ceux qui le connaissent bien. "Sa formation marxiste, son sens de la dialectique", plaisante l'un d'eux.

Car Philippe Le Moigne est aussi cégétiste. C'était comme ça chez lui, à Lesconil, un port dépendant du quartier maritime de Guilvinec : les patrons pêcheurs étaient de la CGT et les matelots n'étaient pas syndiqués. Il est bien avec ses pairs comme avec les gars de la base, ce qui n'est pas forcément le cas de tous ceux qui dirigent un chalutier après avoir travaillé sur le pont. Beaucoup s'amusent que ce soit lui, un homme de gauche, qui ait dû approuver les mesures proposées par le président de la République.

"M. Sarkozy, c'est pas ma tasse de thé, tout le monde le sait, mais je suis républicain, dit-il pour se justifier. Et puis il aurait pu faire partie des grévistes, il répétait mot pour mot ce qu'on disait". A ceux qui lui reprochent d'avoir appelé à la reprise, il rétorque : "J'ai la faiblesse de croire en la parole donnée."

Laetitia Clavreul
Article paru dans le Monde 'édition du 11.11.07.

 

 

 

 

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